10. sept., 2012

Corrida ou pas ?

J’aime la corrida.

Je sais c’est mal.

A chaque fois, après le spectacle, je me demande comment, adepte de la non violence, et détestant par dessous tout la souffrance, j’accepte de participer à cette cérémonie.

Le mot est peut-être plus adapté que fête, n’est-ce pas ?

Je comprends parfaitement ceux qui la haïssent.

Comment accepter de torturer un animal pris au piège dans une arène ?

Car, même si affaibli, il représente un vrai danger, et que le combattre demande un vrai courage, la partie est perdue d’avance pour lui dans l’immense majorité des cas. S’il a été brave il sera applaudi, mais tu parles comme mort il s’en fout. Dans quelque rare cas, il sera gracié, j’ai connu un taureau gracié l’année dernière, et contrairement à ce que pense les irréductibles, il finira ses jours choyé comme un roi, mais c’est exceptionnel.

Bref, c’est difficile de défendre l’indéfendable. Pourtant, chaque année, je m’assois dans les arènes d’Arles et assiste sans intellectualiser à cette danse de la mort annoncée, et me réjouis quelquefois, jamais de la mort, mais de cet étrange ballet entre l’homme et l’animal, où le matador ne fait plus qu’un avec son taureau. Une passe magique, la cape tournoie, quelque chose se passe dans cette danse entre l’homme et l’animal que l’on ne peut comprendre autrement qu’en étant là.

Sans que cela n’excuse la cruauté de cette tradition, je me pose la question de savoir si elle est moins cruelle que ces animaux qu’on abat à la chaîne à l’abattoir et que chacun mange sans le moindre état d’âme, sans jamais s’offusquer de la façon dont on les a exécuté avant de les retrouver dans notre assiette.     

J’avoue ne pas comprendre réellement ce qui fait mon attrait. Avant de m’intéresser vraiment à l’histoire de la corrida, je pensais que c’était une tradition tellement ancestrale qu’elle me touchait comme me touche le chant flamenque, traversant les âges dans mes cellules, depuis mes ancêtres qui vécurent de l’exode de l’an 70 à 1492 en Andalousie. Mais non, je sais aujourd’hui qu’elle n’existe vraiment que depuis la moitié du XVIIIème siècle. Un détestable amusement à l’époque devant l’abattoir, avant la mise à mort des bovins, qui s’est organisé au fil du temps.

Pour être tout à fait précis, il y eu dans l’aristocratie espagnole, avant cette période, autour du moyen âge des combats entre l’homme et le taureau, où l’on décidait de combattre un taureau à la place d’un homme en tournoi. Ces joutes entre l'homme et l'animal qui n'avaient rien à voit avec une corrida prirent fin au début du XVIIIe siècle.  

On a longtemps cru aussi que la tradition dans le sud de la France était ancestrale, mais là aussi ce n’est que légende, car jusqu’en 1951 des corridas avaient lieu dans toute la France. Ce n’est qu’à partir de cette année là, que le législateur la cantonnait dans le sud seulement, devant la pression des anti-corridas montante, sans pouvoir la supprimer complètement pour ne pas se mettre à dos les afficionados. Le sud était plus proche de l’Espagne, son pays d’origine, et les arènes antiques se prêtaient parfaitement à ce spectacle.

Quel paradoxe qu’une nation civilisée puisse encore s’adonner à ce type de jeu, quel paradoxe aussi que je puisse continuer à y aller sachant tout cela, ne me trouvant aucune excuses, et aimant ce que je devrais détester.  Quand je vous le disais que je n’étais pas parfait… 😲

Commentaires

11.09.2012 10:09

Rémy E.

Marie, celui qui prendrait plaisir à une mise à mort ne pourrait être qu'un monstre. La mise à mort n'est pas objet de plaisir pour les spectateurs.

11.09.2012 07:48

Rémy E.

C'est en partie vrai. Malgré cela, je ne pense pas que le matador tue par plaisir, ce n'est que la conclusion de la faena. Complexe et épineux sujet.

11.09.2012 09:00

Marie

Je respecte le matador, mais je ne comprends pas qu'on puisse avoir du plaisir à regarder une mise à mort. Il est vrai que je ne suis pas Arlésienne

10.09.2012 22:16

marie

l’homme est la seule créature vivante qui tue pour le plaisir....